La montagne occupe une place prédominante dans ses réflexions thématiques et picturales à partir de sa découverte, en 1978, du Niesen, ce large massif pyramidal situé au bord du lac de Thoune, qui avait déjà inspiré Ferdinand Hodler (1853-1918) et Paul Klee (1879-1940). Au début des années 1980, Tritten réalise une série de lithographies en couleur, dont certaines intègrent la photographie de cette montagne prise par Mario Tschabold (*1931). Sur une « feuille projet » préparatoire à l’œuvre, l’artiste colle une reproduction du cliché, surplombé du mot « BERG », proposant cette image d’une montagne stéréotypique pour les représenter toutes.
Dans la trilogie Berg, Mensch, Malerei, la montagne est réduite à un triangle, incarnant son aspect philosophique : une base solidement implantée dans la terre (le matériel) et un sommet s’élançant vers le spirituel. Au début du XXIe siècle, l’artiste crée une série de polyptiques de grand format, notamment Landschaft aus der Landschaft (2002-2003), où se conjuguent ses recherches sur la couleur bleue et sur la verticalité avec, toujours au centre de ses préoccupations, la montagne. Composées de panneaux interchangeables aux dimensions variables, dont certains, monochromes, contrebalancent l’effervescence des autres, ces formes s’articulent dans l’espace pour créer une syntaxe propre à l’artiste qui affirme en 1986 que « dans le monde […] des images intérieures, la montagne se transforme en signes toujours nouveaux où ce qu’elle a d’invisible, de mystérieux et de magique cherche à s’exprimer ».