Le paysage entre figuration et abstraction
Conçue à partir de la collection du Musée d’art du Valais, cette exposition s’intéresse à la façon dont la représentation du paysage dans l’art occidental a été marquée par le développement de l’abstraction. Elle propose de mesurer cette influence, à l’appui d’une septantaine d’œuvres d’artistes de différentes générations, qui, sans jamais rompre avec la réalité, retranscrivent le paysage comme le fruit d’une expérience sensible.
Avec des oeuvres de Leo Andenmatten, Suzanne Auber, Sophie Bouvier Ausländer, Balthasar Burkhard, Denise Eyer Oggier, Hamish Fulton, Simone Guhl-Bonvin, Jean-Claude Hesselbarth, Axel Hütte, Alexandre Joly, Sigismond Kolos-Vary, Alois Lichtsteiner, Emil Nolde, Kotscha Reist, Olivier Saudan, Francine Simonin, Annelies Štrba, Gottfried Tritten, Spencer Tunick, Jonas Wyssen
Vivian Suter Moving Nature
Vivian Suter naît en 1949 à Buenos Aires, où son père dirigeait une usine textile et sa mère, artiste, avait émigré en 1938, fuyant le nazisme. Elle y grandit, puis à Bâle à partir de 1962. En 1983, elle s’installe dans une ancienne plantation de café à Panajachel, au Guatemala, où elle vit encore à ce jour. L’atmosphère du lieu, la végétation abondante et les animaux deviennent alors les thèmes centraux de ses œuvres. L’artiste renonce au papier pour utiliser la toile montée sur châssis, puis finalement abandonne le châssis qui lui permet difficilement de transporter ses tableaux. Ce changement correspond aussi à son habitude de voir ses peintures suspendues lorsqu’elles sont stockées.
Les œuvres de Vivian Suter n’ont ni titre ni date. Elles sont accrochées dans l’espace, sur le sol, sur le mur, ou encore suspendues, et peuvent être accumulées les unes sur les autres ou installées avec plus de distance entre elles. Toutes les configurations sont possibles et peuvent sans cesse être renouvelées. Ces installations de tissus peints, qui peuvent évoquer du linge étendu, offrent une expérience immersive au cœur d’un paysage luxuriant évoqué par les toiles abstraites, comme s’il s’agissait d’une jungle colorée et pleine de vibrations, mais aussi physique et sensorielle de par les matériaux employés et le rapport d’échelle.
Magali Dougoud Aux eaux promises
D’origine valaisanne, Magali Dougoud (Martigny/CH, *1986) présente un ensemble d’œuvres sur le thème de l’eau, à l’intersection de l’écologie, du féminisme et de la politique. En portant un regard à la fois local et international sur l’usage de l’eau comme ressource naturelle et bien collectif, l’artiste fait dialoguer le Valais et la République démocratique du Congo (RDC) – pays qu’elle a découvert dans le cadre d’une résidence en 2022 –, et compose des fables contemporaines, mêlant réalité géopolitique et mythes liés à l’eau. Entre documentaire et réalisme magique, Magali Dougoud se réfère au concept d’«hydroféminisme», tel que défini par la chercheuse Astrida Neimanis, qui lie féminisme et questions environnementales. Elle tisse des récits où l’eau, au-delà de son exploitation pour sa seule utilité, devient un mode de connexion entre les espèces et les genres, un espace pour repenser notre relation au vivant et à l’altérité, la métaphore d’une pensée et d’un corps fluides et émancipés des normes imposées par la société. Aux eaux promises invite à un voyage à la frontière de l’étrange, où mers, lacs, fleuves et cours d’eau sont habités par des présences surnaturelles et deviennent des espaces de résistance et de résilience.
Avec le soutien de Canton de Vaud|Ville de Lausanne|Dr. Georg und Josi Guggenheim-Stiftung|Ernst Göhner Stiftung